30/10/2008

Ego scriptor- Ou la littérature transfigurée.

" Ego scriptor
Devant trop souvent écrire choses dont je n'ai nulle envie et l'esprit inerte devant elles, je m'avise de me donner les lettres initiales des phrases successives à faire- comme pour un acrostiche"p 191

"Rien ne me fatigue comme d'écrire des choses qui ne m'intéressent pas et qu'il faudrait écrire pour pouvoir écrire-celles qui m'intéressent. C'est le don du romancier qui me manque. Il sait écrire ce qu'il pourrait changer. Ce qui n'est pas une critique du roman mais de la vie même" P185

"Ecrire pour publier c'est chez moi l'art d 'accommoder les restes"p 183

Paul Valéry, Ego scriptor, Poésie Gallimard.

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Depuis un petit moment je vois la littérature se transformer en réalité. Peut-être est-ce une question de psyché -et ça l'est très certainement, disons que je vois des transfigurations littéraires dans ce qui m'entoure.
Rue Saint-André-Des-Arts, je suis sûre d'avoir vu Moshé , sûre et certaine qu'il s'agissait du fou qui annonce la mauvaise nouvelle aux habitants de Sighet. Il portait une kipa, et mendiait au milieu de la rue. J'ai tellement eu peur. De cette peur qui se mêle à la pitié, mais qu'on ne saurait défier. Il avançait, doucement, au milieu des étudiants et des jeunes gens qui peuplent le quartier latin. Cet homme, Moshé, apparaît pour la première fois dans La nuit d'Elie Wiesel, puis il devient un fil rouge des autres livres. Dans le premier tome des Mémoires, puis encore, et encore. En réalité, je ne sais pas qui est ce badaud. Je ne le connais qu'à travers les phrases de l'écrivain, pourtant, dans cette rue, j'ai vraiment cru qu'il s'agissait des mots modelés sur la chair humaine.

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